Les Ateliers de Culture et Traditions

Avec Libor Prokop

E taata tupu taua, no hea mai taua ?
Tahitiens, d’où venons-nous ?

Voici la question qui anime les recherches et la vie de Libor Prokop. Ce passeur de mémoire, passionné de culture polynésienne nous invite aujourd’hui dans les locaux de la Maison de la Culture pour une immersion au cœur de la cosmogonie et de la musique traditionnelle polynésienne.

Depuis son plus jeune âge, Libor explore les multiples facettes de ce questionnement en liant l’étude des textes et l’expérience des gestes ancestraux qui fondent la tradition de nos îles.

La mémoire par la connaissance

Le cheminement de Libor aux côtés de grands penseurs comme Henri Hiro, poète et dramaturge, l’amène à développer ses connaissances sur l’histoire et l’identité dite “Mā’ohi”.

A son tour, tous les mardis à 17h15, Libor nous partage ses savoirs et ses questions autour d’un atelier intitulé “Culture et Traditions polynésiennes”. Et quel plaisir de participer à l’une de ces soirées. Loin du cours magistral, Libor nous offre un moment de partage, d’écoute, de discussion.

Aujourd’hui nous sommes six femmes d’âges et d’horizons différents. L’atelier commence par un tour de table de présentation. Une entrée en matière qui nous confronte à cette question fondamentale :

Qui suis-je ?

“Est-ce mon lieu de naissance, mes ancêtres, les endroits où j’ai vécu, mon métier, ce que j’étudie, ce que je crée, ce que j’aime… qui définissent qui je suis, quelle est ma culture ?“

Dans les rires et la simplicité, chacune prend la parole à tour de rôle et se présente, offrant ainsi sa vision du “qui suis-je”. Une belle façon de plonger dans le vif du sujet.

De cet échange, Libor nous embarque pour un cours participatif à propos du Rahuraa (cosmogonie polynésienne). Il s’agit ici d’étudier l’origine du monde selon les Anciens polynésiens en découvrant les mythes et les légendes qui définissent sa genèse.

Libor traite une multitude de sujets, à propos des étoiles, de la lune, de la navigation, de la définition du Tau ari’i (temps royal), du cycle de Matarii (ni’a et raro), de la notion d’espace avec Ta’aroa… Tous ces domaines d’enseignement sont interconnectés et nous font finalement converger vers le marae.

Cet atelier est également pour moi l’occasion de voir que se connecter à ses origines c’est d’abord élargir sa conscience historique. Il y a du travail pour chacun mais c’est une belle aventure en perspective !

Je découvre notamment comment le marae est le point de départ et le point où tout revient, le cœur de tous ces concepts fondamentaux.

La mémoire par le geste

La mémoire collective semble également trouver sa source dans le geste, que ce soit par la danse, le tatouage, la musique, les rituels, la navigation, les offrandes, les ra’au, l’art oratoire, le chant… Ces pratiques ancestrales sont aussi une manière de se connecter à cette mémoire et d’ancrer l’identité polynésienne dans notre vie contemporaine.

Libor est danseur et musicien depuis son enfance. à l’âge adulte, il se forme à l’ensemble des percussions traditionnelles dont le to’ere, le faakete, le ihara, le tari parau…

Puis il devient un expert reconnu en Polynésie dans la pratique des pahu et du vivo qu’il aime également fabriquer.

Pour mon deuxième atelier, j’ai rendez-vous un jeudi matin à 9h30, dans la salle de projection de la Maison de la Culture, pour une session de ukulele.

Les apprentis musiciens du jour arrivent avec leurs instruments. Avec bienveillance, Libor accueille le niveau de chacun et adapte son atelier pour que tout le monde y trouve sa place.

Libor travaille le jeu de différents instruments de percussions pour mieux comprendre la rythmique qui sera mise en pratique ensuite avec le ukulele.

Le reste du groupe est plus avancé mais je joue le jeu et travaille mon frappé sur le dos de mon instrument. Main droite qui donne le “TOM”, main gauche qui donne le “TI”, pied qui frappe la mesure… Pour des TOM-TOM-TI-TOM-TI-TI… et quelques désynchronisations intempestives !

Tout au long de l’atelier nous travaillons sur différentes rythmiques.: tamau, patautau, samba, valse… puis revenons à nos cordes pour les appliquer. Je comprends la difficulté d’appréhender tous ces paramètres en même temps. Mais je découvre aussi l’importance de commencer par la rythmique pour laisser mon corps entrer dans ce mouvement et lâcher le mental.

Libor nous confie en riant : “on a besoin d’oublier cinq fois avant de retenir”. Soit ! Je ne baisse pas les bras, je reviendrai.

Libor propose ainsi des ateliers mêlant percussions, ukulele, art oratoire et chant pour une immersion complète dans la culture musicale polynésienne.

Le saviez-vous ?

Dans la cosmogonie polynésienne, Ta’aroa, Dieu créateur du tout, parle du travail sur le développement de la mémoire, de la concentration et de la clairvoyance. Libor porte ces valeurs en les cultivant dans l’humilité, le partage et la douceur. Un bel exemple de ce qu’est être Tahitien aujourd’hui !
Peu importe notre niveau de connaissance, de pratique, Libor transmet ce qu’il a appris à tous les publics. Une vraie chance pour tous.

A.D.

Infos pratiques

Rendez-vous à la Maison de la Culture !

  • Les mardis à partir de 17h15 pour les ateliers de Culture et Traditions polynésiennes.
  • Les jeudis à partir de 9h30 pour les ateliers de ukulele en approche percussive.

>> RENSEIGNEMENTS : 40 544 536 • INSCRIPTIONS SUR PLACE

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Edition 33#

Janvier - Février 2020

Coup de coeur

Publié le 26 février 2020
par Camille Lagy

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