La pirogue à voile traditionnelle

avec Moana Explorer

Il est dimanche et ce matin, je troque ma grasse matinée contre une activité sportive et culturelle. Il est encore tôt lorsque j’arrive au motu d’Arue où je suis vite rejoint par quelques courageux, levés eux aussi du bon pied. Cap sur le va’a tā’ie tautoru, la pirogue à voile traditionnelle !

Tatouage, danse, artisanat… La culture polynésienne regorge de richesses. Utilisé pour le sport, la pêche ou tout simplement profiter du lagon, le va’a en fait partie. L’histoire du peuple mā’ohi est intimement liée à cette embarcation emblématique. Grands voyageurs et explorateurs, les polynésiens sont venus peupler le triangle polynésien à bord de leurs grandes pirogues doubles. Celles-ci sont aujourd’hui beaucoup moins répandues, au profit des va’a que l’on aperçoit chaque jour sur nos eaux.

Amoureux de la voile depuis son plus jeune âge et sportif de haut niveau avec plusieurs médailles d’or aux Jeux du Pacifique à son palmarès, Teiva renoue avec l’art de la navigation à voile des anciens. Il commence il y a près de dix ans avec des amis.

En 2015, il devient capitaine et formateur sur la pirogue Fa’afaite.

En décembre 2019, Teiva obtient, avec son équipe (William et Niuhiti), le titre de Champion du Monde de pirogue à voile, aussi appelée Holopuni.
Aujourd’hui, il a créé ses propres activités pour promouvoir le va’a tā’ie. Son objectif ? Préserver ce savoir-faire ancestral, très peu pratiqué aujourd’hui, et permettre de naviguer grâce à des embarcations respectueuses de l’environnement. Avec O’Sea, école de voile, il transmet sa passion et ses connaissances aux petits et grands. Avec Moana Explorer, il emmène locaux et touristes en excursion à Tahiti, Moorea, Raiatea, Taha’a, Bora Bora et Rangiroa à bord de ses pirogues.

Mon initiation commence justement par quelques informations sur ces embarcations, apportées par William, notre guide du jour et expert en navigation. Dessinées à Hawaii, les dix pirogues de Teiva sont fabriquées à Tahiti en fibre de verre et en résine. Je découvre aujourd’hui deux va’a tā’ie : une coque centrale de trois places, deux ama (balanciers) reliés à la coque par les ‘īato, deux trampolines et une voile. Des pirogues résistantes, équilibrées et stables, pouvant parcourir de grandes distances en mer. De quoi me mettre en confiance pour la suite de l’aventure !

Il est temps pour moi d’embarquer à bord de l’une des pirogues.

En posant mes pieds sur le trampoline, puis sur les ‘īato et enfin dans la coque, je sens immédiatement la stabilité de l’embarcation, impossible de chavirer ! William tracte les deux pirogues à bord de son petit bateau à moteur jusqu’à la plage du Taaone. Ces premières sensations me donnent très vite envie de commencer la navigation ! Les conditions sont parfaites, le vent est présent sans être trop fort, la mer est calme.

Avant cela, quelques explications s’imposent sur le maniement des rames et de la voile. William nous montre comment installer la bôme, dérouler et attacher la voile, faire des nœuds marins et nous raconte les méthodes de navigation ancestrales.

À l’aide des étoiles la nuit et du soleil le jour, des courants et des vents, des migrations des oiseaux…

Les polynésiens, excellents navigateurs, s’orientaient en observant leur environnement. Une communion entre les hommes et la mer, toujours ancrée dans leur vie aujourd’hui.

En première place sur la pirogue, le fa’ahoro donne le rythme. Le second rameur, le tare, est le moteur du va’a. Le pēperu, en troisième position, est le barreur. à l’aide d’une large rame, il oriente la pirogue. Le quatrième navigateur, sur l’un des trampolines, gonfle ou relâche la voile en fonction de la puissance du vent et de la position de la pirogue.

Nous serons une équipe de quatre filles aujourd’hui à bord du va’a tā’ie : Hereiti, Mélodie, Ororiki et moi.

Nous voilà parties ! Je commence par le poste de fa’ahoro.

Les débuts sont quelque peu chaotiques, le temps pour chacune d’appréhender le fonctionnement de la pirogue. Je comprend très vite que chaque action de l’un des navigateurs a un impact sur l’ensemble du va’a, un vrai travail d’équipe, de communication et de coordination !

Après quelques manœuvres, mes bras chauffent, la pirogue avance. Nous coordonnons nos efforts, le va’a se place perpendiculaire au vent, la voile se gonfle…

Ça y est, nous filons joyeusement sur les eaux calmes de la baie !

Le vent nous porte, il est notre moteur, je suis proche de l’eau et la sensation de glisse est unique. Je sens l’air de la mer sur mon visage, mes doigts effleurent l’eau fraîche et la vitesse fait voler mes cheveux. Je n’ai plus besoin de ramer et je profite du moment présent.

Nous changeons de place dans la pirogue. J’ai envie de tout essayer ! Le maniement de la voile s’avère totalement différent et je dois trouver mes repères. à quel moment dois-je gonfler la voile ? Est-elle bien positionnée par rapport au vent ?

Je finis par faire confiance à mon instinct.

William vient à notre rescousse lorsque notre va’a tourne en rond, sans arriver à prendre la bonne direction. Ses conseils sont précieux ! Les rires fusent sur notre petite embarcation, nous sommes toutes les quatre de plus en plus à l’aise.

Finalement, le poste de pēperu est celui que je préfère. Je sens la pression de la rame et le va’a réagit au moindre de mes mouvements. Le vent pousse la pirogue tandis que je contrôle notre direction. Nous mettons le cap sur la passe de Taunoa et faisons demi-tour entre les deux bouées, direction la plage !

De retour à Arue, nous débriefons quelques minutes sur notre ressenti. Heureuse d’avoir pu expérimenter cette activité originale, je me sens (presque) prête à prendre le large !

Au-delà du sport et de la culture, la navigation à la voile est aussi une aventure humaine.

Ces trois heures passées sur l’eau auront été un moment de partage avec les trois autres apprenties navigatrices. Nous aurons créé une cohésion indispensable au fonctionnement de notre pirogue, le sourire aux lèvres et les cheveux au vent ! Il est maintenant temps de retourner à la réalité après cette parenthèse aux sources de la navigation traditionnelle des mā’ohi !

C.L.

On a aimé

  • La beauté des pirogues
  • Les explications de William sur la navigation traditionnelle
  • Sa pédagogie
  • La prise en main rapide de la pirogue
  • Les sensations de glisse
  • La cohésion lors de la navigation

Infos pratiques

  • (+689) 89 26 25 26
  • Moana Explorer : excursions
    en pirogue à voile à Tahiti, Moorea, Raiatea, Taha’a,
    Bora Bora et Rangiroa.
    www.moanaexplorer.com
    [email protected]
  • O’Sea : école de voile itinérante autour de Tahiti et Moorea : cours de navigation
    traditionnelle pour les scolaires, associations, particuliers…
    [email protected]
  • Facebook : Moana Explorer Tahiti

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Publié le 26 février 2020
par Camille Lagy

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